C’est l’histoire d’Agathe, 48 ans, qui se résout à s’inscrire au gym.
Agathe qui aimerait faire disparaître son petit ventre.
Agathe qui cherche à tromper sa peur de vieillir
Agathe qui choisit un gym pour femmes par désir avoué de sororité.
Le Genny Gym rassemble des femmes au parcours diversifié et éclectique : une mystérieuse blonde qui ne parle à personne, une retraitée vulnérable, une punkette solidaire, une collectionneuse de sacoches et une propriétaire déterminée à ce que ses clientes s’offrent du temps pour elles.
Des push-up pour le cerveau
Cette petite plaquette de quarante-cinq pages bien ficelées nous tient en haleine du début à la fin et nous offre plusieurs pistes de réflexions :
- Qui sera responsable de la mort d’Agathe? (sa mort est annoncée aux premières lignes du bouquin)
- Françoise réussira-t-elle à se défaire de l’emprise de sa fille?
- Recomposer l’histoire de sa vie pour “faire partie de la gang”, est-ce vraiment mentir ou simplement faire preuve de créativité?
- Y a-t-il vraiment des femmes qui s’entraînent sur Teddy Bear d’Elvis Presley?
Un safe space authentiquement inquiétant
L’histoire dépeinte par l’autrice Caroline Allard se déroule dans un gym mais elle aurait pu prendre place dans un tout autre lieu qui se prétend ouvert, souple, non-compétitif et qui mise sur des valeurs de fraternité et d’authenticité. Si j’ai souri abondamment en tournant les pages de ce bouquin, j’ai aussi grincé les dents plusieurs fois parce que j’y ai reconnu les failles éthiques et les dérapages pseudo bienveillants présents dans de nombreuses communautés. Parfois, il n’y a pas pire aveuglement que d’être convaincu que nous sommes une “bonne personne”.
Pourquoi tu nous mets sur la balance à chaque semaine, Genny? Si on se respecte autant, on pourrait juste faire de l’exercice pour le plaisir, pas pour perdre du ventre ou se raffermir la cuisse. En fin de compte, tu veux nous faire perdre du poids pour qu’on soit plus désirables, et pour qui?
Il faut lire Agathe en six semaines parce qu’on a toutes et tous le droit de prendre du temps pour son “moi” et que contrairement à un entraînement au gym, la lecture peut se pratiquer en bobettes sous les couvertures.
* Je vous conseille du même coup de mettre la main sur les huit autres nouvelles parues cet été dans la collection QA de Québec Amérique. Un bouquet de saveurs littéraires à déguster dans un parc en profitant des derniers rayons de l’été.