J’ai connu l’écriture de Jean-Philippe Baril-Guérard alors que j’étudiais à Saint-Hyacinthe. J’étais allée voir la pièce des finissants qui jouaient alors Warwick. Je suis complètement tombée sous le charme du réalisme des personnages et de la puissance du texte. J’avais donc très hâte de lire sa vision particulière du milieu de l’humour. Et fidèle à lui-même, je n’ai pas du tout été déçue.

Mieux grimper pour mieux tomber

Nous suivons Raph Massi, jeune finissant de l’école de l’humour, alors qu’il cherche à se faire un nom dans ce milieu. Toujours dans l’ombre de son « meilleur ami » Sam qui, lui, vient de se faire signer par une prestigieuse agence de Montréal. Grâce à Laurie, sa blonde et co autrice, il gravira rapidement les échelons du spectacle, ce qui lui apportera beaucoup de succès et un égo démesuré. 

« Mais tu l’aimes bien, quand même, Sam. Tu l’aimes bien. C’est juste un peu compliqué parce que, comme toi, il veut être aimé de tout le monde, et ça vous place en compétition. C’est juste un peu compliqué parce que tu l’envies, au fond : toi aussi, t’aurais voulu que Forand te signe. Forand qui te signe pas, c’est Forand qui te dit que t’es une merde. C’est Forand qui te dit que tu vaux rien. C’est Forand qui te dit que tu mérites pas d’être aimé. »

On se rend bien vite compte au fil de l’histoire que l’industrie de l’humour est beaucoup moins saine et glamour que ce que l’on peut s’imaginer de l’extérieur. Anxiété, problèmes de consommation, abus de pouvoir nous sont littéralement pitchés en plein visage. Une réalité de cet univers de boys club aux relents toxiques.

Un livre au rire jaune

On embarque rapidement dans la narration de Laurie, une relation influente de la vie de Raph,qui nous aspire dans le récit et dans l’évolution des différents personnages qui partagent les rêves et les aspirations de ce dernier. Une narration qui donne l’effet d’une claque de réalité en plein visage, une écriture rythmée qui fait que tu veux à tout prix lire la suite, des personnages riches en nuances et une histoire qui raconte bien la réalité de ce métier ! 

Il faut lire Haute démolition de Jean-Philippe Baril-Guérard pour ses personnages et pour cette vision coup de poing d’un milieu plus sombre que ce que l’on pense.